Actions culturelles

13.03.25

Tatalia • une immersion musicalo-aquatique pour les tout.e.s-petit.e.s

Le mois dernier, la crèche La Goélette a accueilli les ateliers exploratoires du projet Tatalia, une création immersive à la croisée entre musique électronique, danse contemporaine et univers aquatique. Ce projet, porté par la musicienne Flaca Boonse et la danseuse Agnès Canova, invite les tout.e.s-petit.e.s à plonger dans un monde sensoriel où sons, gestes et images se mêlent pour éveiller leur curiosité et leur créativité.

Une bulle participative au cœur de l’imaginaire des tout.e.s-petit.e.s

Tatalia prend ses racines dans un projet d’action culturelle mené il y a quelques années par La Belle Électrique au sein du service pédiatrie du CHU de Grenoble. Flaca Boonse avait alors composé une pièce de vingt minutes sur le thème de l’eau. Depuis, Agnès Canova, danseuse contemporaine au CCN de Grenoble, a rejoint ce projet de création. « Tatalia c’est une berceuse que je chante à mon fils, et ma nièce s’appelle Alia, c'est de là que vient le nom », raconte Flaca. La musique, composée de berceuses argentines réarrangées, est enrichie par des boucles électroniques et des instruments acoustiques. L’objectif ? Créer une atmosphère enveloppante, qui permette aux enfants, dès le plus jeune âge, de découvrir le monde à travers leurs sens. “J’ai cherché des sonorités adaptées aux tout.e.s-petit.e.s tout en y ajoutant de la voix”.

Avec Tatalia, l’idée est de placer les enfants dans une posture de spectateur.rice.s actif.ve.s en les invitant à toucher des objets, à écouter des sons et à regarder des projections immersives. A la crèche La Goélette, Flaca Boonse et Agnès Canova ont conduit les petit.e.s jusque dans un dortoir tamisé, où iels ont pu explorer différents éléments sensoriels. Agnès, en dansant et chantant avec les enfants a créé une atmosphère immédiate de lien par le geste et le regard. « On arrive sans parole, tout passe par le non-verbal. On les invite à nous suivre et à interagir avec les éléments autour d’eux ». Iels ont ainsi découvert des objets en lien avec l’univers aquatique de Tatalia : des poissons, des pompons représentant des coraux, des objets sonores, et même des dispositifs lumineux qui projettent des ombres sur les murs.

Flaca Boonse, à la tête de la partie musicale, utilise un ordinateur et des instruments spécifiques pour créer des ambiances sonores adaptées : « je joue avec des boucles électroniques et des sons minimalistes, tout en utilisant des instruments acoustiques comme le waterphone ou un hydrophone pour recréer des bruits de vagues et de sons sous-marins ». La musique, à la fois apaisante et stimulante, est parfois ponctuée d’improvisation, adaptées aux émotions et réactions des enfants.

« Il y a quelque chose de très direct avec les tout.e.s-petit.e.s dans les émotions et dans la relation, il n’y pas de filtre. S’ils veulent chanter, ils chantent ; s’ils veulent pleurer, ils pleurent. C’est très direct, très brut. Iels sont très connecté.e.s à leurs sens et non seulement iels captent mais leur attention est très élevée ! Pour nous, il y a vraiment une part d’adaptation à leur état qui est en mouvement, on ne sait jamais ! »

Agnès Canova, danseuse contemporaine

Les retours des professionnelles de la crèche confirment cette diversité de réactions. Agnès Locatelli, éducatrice de jeunes enfants à La Goélette, témoigne : « C’est un moment vraiment privilégié pour les enfants. Certains, habituellement très dynamiques, sont devenus très calmes, presque éblouis. D’autres, plus contemplatifs, ont observé Andréanna avec ses instruments et sont restés concentrés. Chaque enfant a sa façon d’investir le projet et ce qu’on lui propose dans ces ateliers. Dans un petit espace, on a cette proximité et cette chaleur qui ressort ! »

Répondre à un besoin de découverte

Pour les professionnelles de la crèche, comme pour les enfants, ces ateliers ont été une bouffée d’air frais, un moment suspendu, hors du temps. “C’est bénéfique, on a l’impression que le temps s’arrête. Il y a un vrai focus cette année sur tout ce qui tourne autour du sensoriel, avec des petits ateliers doux et dans la pénombre, les émotions s’expriment librement. Ça arrivait pile au bon moment !”

La crèche La Goélette, accueillant aussi bien des familles aisées que précaires, favorise la “mixité sociale”, selon Agnès. Grâce à de nombreux partenariats culturels tout au long de l’année, elle souligne l’importance d’offrir de telles expériences aux enfants : “la santé culturelle des enfants est souvent négligée mais ils ont un véritable besoin de découvrir des choses. Des projets comme Tatalia sont essentiels, car tous les enfants n'ont pas la possibilité de vivre ces expériences avec leur famille. Certains ne peuvent pas assister à des spectacles, faute de moyens ou d’opportunités. Pour les familles en situation de précarité, cela n’est souvent pas une priorité. Mais lorsque ce type de projet est proposé à la crèche, c’est différent.”

Vers un spectacle à l’automne

Pour l’heure, Tatalia est en résidence pour se transformer en spectacle, à découvrir à La Belle Électrique la saison prochaine on l’espère. Flaca et Agnès seront rejointes par Alexis, clarinettiste, qui enrichira l’univers sonore du projet. « Avec Alexis, on va développer la partie improvisation, et l’ajout de la clarinette apportera une nouvelle dimension à la composition », explique Flaca. Une autre surprise se profile d’ailleurs à l’horizon avec la création d’un album illustré qui pourrait voir le jour en 2026 !

« Merci La Belle Electrique de nous proposer ce type de projet et d’offrir ça aux enfants. Les familles ont déjà hâte d’assister au spectacle ! »

Agnès Locatelli, éducatrice de jeunes enfants à l'EAJE La Goélette

Ce projet a bénéficié du soutien de la DRAC Auvergne-Rhône Alpes

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