
Les activités de l’association MixLab, pensées et élaborées depuis 2007, ont bénéficié depuis presque six ans à un très large public au sein de la Belle Électrique. Ces activités ont été mises en œuvre dans le cadre d’une Délégation de Service Public (DSP). L’offre proposée par MixLab à la population du bassin grenoblois (et plus largement), en collaboration avec un large réseau d’actrices et d’acteurs locaux, a embrassé une très grande diversité de publics qui ont participé à en faire un lieu de vie culturelle désormais reconnu par toutes et tous.
Les 83 000 spectateurs et spectatrices annuel.les ; et pour la seule année 2019 les 112 groupes locaux ayant pu se produire sur la scène de La Belle Électrique et du festival Jour&Nuit ; les 4 765 personnes (scolaires, familles, personnes qui fréquentent des structures d’action sociale, etc.) qui ont participé à des moments et projets de création grâce à notre politique d’actions culturelles ; les 59 groupes et artistes accompagné.e.s ; les partenaires publics et privés de l’association ; ainsi que les usager.ères du bar et du restaurant sont autant de publics qui ont participé et bénéficié du dynamisme et de l’ambition du projet de l’association MixLab. Ce sont ainsi 150 000 concitoyen.nes qui, chaque année, se retrouvent autour du projet de MixLab et de La Belle Électrique.
Allant au-delà de nos missions initiales, nous nous sommes efforcé.e.s depuis 2015 d’amplifier notre action sur le territoire en renforçant, année après année, nos engagements sur les champs de l’action culturelle et en créant un pôle dédié à l’accompagnement des pratiques. Suite à la liquidation de la Régie 2C, nous avons redéployé un projet complet et pris en charge l’entièreté des missions, avec, pour seuls moyens financiers supplémentaires, 11 300€.
Aujourd’hui, le projet de MixLab articule de façon cohérente et complémentaire les missions de diffusion, d’actions culturelles et d’accompagnement et a le soutien de ses partenaires publics pour obtenir dès 2021 la labellisation nationale « Scène de Musique Actuelle ».
Le projet de l’association MixLab, au travers de La Belle Électrique, est aujourd’hui salué par l’ensemble de ses partenaires, dont la Ville de Grenoble. Ce projet artistique et culturel est reconnu nationalement pour son ambition, sa singularité et son inscription dans le XXIème siècle. La ligne artistique particulière, tracée autour des cultures numériques et des musiques électroniques, en fait une référence en France et un lieu reconnu internationalement.
Malgré la crise du COVID-19 et l’empêchement de faire fonctionner normalement la structure, l’ensemble des acteurs et actrices du projet MixLab se mobilisent et trouvent des alternatives pour continuer à faire vivre le lieu et faire vivre la ville. Ainsi, entre juillet et septembre, ce sont 30 groupes locaux amateurs qui ont pu répéter sur scène et 31 groupes locaux qui se sont produits professionnellement lors de deux guinguettes entièrement gratuites, événement quasi unique en France à cette période. Depuis mars 2020, toutes les équipes assurent la continuité des activités d’actions culturelles et d’accompagnement. Ainsi, MixLab participe pleinement à la redynamisation du territoire.
Enfin, le modèle économique de MixLab en fait, en comparaison avec ses consœurs du secteur, la structure française la plus sobre en termes de subventions de fonctionnement. Avec seulement 20% de son budget subventionné, dont 13% de ce dernier par la Ville de Grenoble, MixLab est largement en deçà d’une moyenne nationale à 55%. Ce fonctionnement vertueux permet, au-delà des apports générés par l’exploitation de La Belle Électrique, de flécher ces financements sur les missions de service public prioritaires que sont l’action culturelle et l’accompagnement.
Au regard de ce bilan, et dans un contexte sanitaire difficile et incertain, la Ville de Grenoble semble néanmoins vouloir changer de modèle d’exploitation et déclarer la procédure de renouvellement de la DSP infructueuse.
Après un unique rendez-vous de négociation le 14 février 2020, MixLab a répondu entièrement aux demandes et attentes de la Ville exprimées dans le cahier des charges de la DSP et a donc remis une offre ajustée. Cependant, le 27 octobre dernier, à la veille du deuxième confinement, la Ville informe MixLab qu’elle va rendre la procédure de DSP infructueuse et proposer un autre mode de gestion qui écarte, de fait, l’association et son projet. À ce jour, les raisons invoquées semblent relever de volontés politiques sur lesquelles le projet de MixLab ne serait pas aligné.
Extrêmement surprise par cette annonce et ce revirement de situation, l’association MixLab regrette que ces raisons n’aient pas clairement fait partie du cahier des charges de la procédure de DSP et qu’aucun dialogue n’ait permis de co-construire un projet partagé.
Le 10 novembre 2020 MixLab a donc demandé un rendez-vous urgent pour comprendre cette décision et mieux connaître les intentions de la Ville. En réponse, un prochain rendez-vous est finalement proposé le 11 décembre, un mois après notre requête, et trois jours avant que la décision ne soit entérinée au Conseil Municipal du 14 décembre 2020.
Aujourd’hui, ce sont 23 salarié.e.s permanent.e.s, l’ensemble du Conseil d’Administration, les bénévoles, des dizaines d'intermittent.e.s, de CDII et de partenaires qui se trouvent dans une situation extrêmement inconfortable, ne sachant pas pour quelle structure et sur quel projet ils et elles travailleront demain. Si tous.tes les salarié.e.s devaient être repris.e.s par la future structure gestionnaire, leur emploi serait garanti, mais pas leur fonction. Si le choix devait être fait d’une gestion en SCIC, toutes et tous s’interrogent et s’inquiètent du choix de passer d’un modèle associatif à un modèle de société, même coopérative. Leurs inquiétudes portent naturellement sur le devenir du projet artistique et culturel de cette dernière, la pérennité des financements possibles et la gouvernance.
Aujourd’hui, l’association MixLab n’est pas en mesure de répondre aux inquiétudes de toutes les parties prenantes, ne sachant pas, particulièrement pour ses salarié.e.s, quelle considération leur est portée au regard de leur engagement, leur investissement et leur participation à l’élaboration du futur projet de MixLab.
Nous respectons naturellement la légitimité de la Ville à prendre ce type de décision et continuons à affirmer notre volonté d’être associé.e.s à la réflexion sur la prochaine structure, ainsi qu’à sa construction. Nous sommes persuadé.e.s des convergences existantes entre les valeurs et les ambitions de la Ville et les propositions formulées par MixLab. La volonté de proposer un modèle de développement culturel sobre, basé sur une gouvernance partagée et coopérative nous rassemble. Tout comme la volonté de renforcer un projet d’actions culturelles déjà ambitieux, innovant et participatif ; reconnu comme tel par nos pairs, l’ensemble des partenaires publics et ses bénéficiaires.
Le succès de La Belle Électrique et l’engouement des grenoblois et grenobloises pour ce projet, porté depuis plus de dix ans par MixLab, mérite de ne pas être effacé et de perdurer sur le territoire grenoblois. L’alliance d’une programmation d’excellence dans ses spécificités et l’affirmation d’une ligne artistique singulière, de propositions populaires, d’ouverture vers de larges publics et de nombreux événements gratuits (Jour&Nuit, Guinguettes, concerts découvertes, rendez-vous au bar avec les artistes locaux et locales...) nous animent toutes et tous.
Nous souhaitons, dès demain, pouvoir rouvrir un dialogue constructif avec la Ville et permettre d’associer leurs intentions à l’expérience et au professionnalisme de l’association MixLab dans un projet partagé qui sache lier diffusion, actions culturelles et accompagnement des pratiques.
Notre souhait est donc de trouver les espaces de dialogue nécessaires à l’élaboration d’un projet ambitieux et respectueux des attentes de la Ville et des publics, tout autant que du travail accompli par MixLab et plébiscité par l’ensemble des grenoblois et grenobloises, et au-delà.
L'Association MixLab.

